Besançon et ses demeures

80 Grande Rue et le 91 Grande Rue

Vous avez ici un exemple original de ce que peut produire sur une façade très étroite la virtuosité d’un architecte comme Claude-Antoine Colombot. Il a réalisé cette maison en 1789 pour une certaine madame Dandré. La façade, qui comprend un décor néoclassique très typé, est composée d’un rez-de-chaussée à bossages, séparé de l’étage noble par une frise continue de motifs ressemblant à de petites vagues, appelés postes. Tout le premier étage est occupé par une serlienne, composée d’une fenêtre centrale en plein cintre accostée de deux ouvertures rectangulaires plus petites. Cette serlienne, décorée sur la platebande de rameaux de feuillages en stuc, permettait d’apporter un flot de lumière au salon ovale du premier étage, aménagé par Colombot et son équipe d’artisans. Il subsiste quelques vestiges de ce précieux décor, comme une cheminée en marbre, un parquet en chêne très soigné ainsi que quelques lambris. Le logis, qui ne comprenait à l’origine que deux étages, a été surélevé d’un étage supplémentaire au XIXe siècle.

Retournez-vous maintenant vers le 91, Grande Rue, L’hôtel de Sorans situé devant date du milieu du XVIIIe siècle. Il a été édifié pour la famille de Sorans. Le balcon en ferronnerie du 1er étage porte la signature du serrurier Nicolas Chapuis. C’est lui qui réalisa en 1703 la grande grille devant la cour de l’hôpital Saint-Jacques. Les linteaux de fenêtres en arc segmentaire sont décorés de mascarons représentant des figures coiffées de fleurs ou de coquilles. A cet emplacement au XVIe siècle, un premier hôtel avait été construit pour Humbert Lulier, seigneur de Preigney, homme d’affaires de la famille Granvelle.

Empruntez le passage cocher pour découvrir le seul vestige qui subsiste de cet édifice. Il s’agit d’un morceau de portique à droite de la deuxième cour, noyé dans une construction plus récente. Deux autres colonnes appartenant au même portique ont été replacées de part et d’autre de la maison située au fond de la parcelle. Actuellement transformé en hôtel de voyageur, ce bâtiment très haut pourrait constituer les restes d’une maison-tour aristocratique médiévale. A droite, il s’appuie sur un haut soubassement gallo-romain qui supportait un temple marquant l’emplacement de l’ancien forum.

En vous redirigeant vers la rue notez, dans la petite cour centrale, la présence d’une tête d’homme casquée représentant probablement le dieu Mercure et d’une sentence en latin, signifiant « Pardonne beaucoup aux autres et rien à toi ».